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gnation : Mieux les Turcs ![1]. En 1845, les populations insurgées des États pontificaux, dans leur manifeste aux souverains et aux peuples de l’Europe, exprimaient leur désespoir en ces termes : « Les jugements rendus il y a deux ans, par la commission mixte établie dans les quatre légations, sont d’une si stupide cruauté qu’elle eût révolté même la pudeur de juges musulmans[2]. »

Livio Mariani, après avoir décrit les méfaits du gouvernement papal, s’écrie : « Ce ne serait pas aller trop loin que de dire qu’en 1852 le gouvernement du pape est pire que celui du sultan. Ceux qui ont été deux jours en Orient ont pu connaître par expérience qu’on peut mieux vivre à Constantinople et avec plus de liberté et de sécurité domestique qu’à Rome, à Ancône ou à Bologne[3]. »

Et à propos de cette politique de l’Autriche, dont nous avons déjà parlé, voici ce qu’écrivait un de ses agents secrets, envoyé dans les Romagnes pour y sonder les dispositions des esprits : « Le corps sacerdotal à Rome est composé pour les deux tiers d’hypocrites et de simoniaques ; les prédicateurs sont pour la plupart indifférents ou athées… C’est un gouvernement théocratico-turc[4]. »

Nous citerons enfin une autorité bien curieuse, celle de M. J.-J. Pitzipios, dont on fera le cas que l’on voudra, mais qui ne peut pas être récusée par les cléricaux, vu l’énormité des éloges dont ils ont comblé et accablé cet auteur[5] lorsqu’il a publié à Rome, et sous les auspices du pape, son fameux ouvrage : L’Église orientale, etc.[6]. Eh bien ! ce même auteur, acceptant si complaisamment jadis l’inspiration de Pie IX, aujourd’hui son juge sourcilleux, en comparant son gouvernement avec celui du sultan, rend un arrêt plus favorable pour ce dernier[7].

  1. Farini, Lo stato Romano del anno 1845 al 1850, tome I, page 81.
  2. Farini, Ibid., tome I, page 112. Mais il faut lire tout ce manifeste.
  3. L’Italia possibile, œuvre posthume de Livio Mariani, page 108.
  4. Voir la brochure les Papes princes italiens, pages 83-87.
  5. Mais que dis-je, les cléricaux ? Presque toute la presse, de tout parti et de toute opinion, à Paris comme ailleurs, se laissa gagner par cette contagion. On doit en excepter, autant que je puisse m’en souvenir, le seul Journal des Débats. Aujourd’hui, dans les feuilles papistiques, il est devenu le fameux Pitzipios, et c’est à juste titre. M. Pitzipios, dans son Encyclique publiée à Bucharest en 1862, en sa qualité de directeur général de la Société chrétienne orientale, prononce l’expulsion de Pie IX de la Société dont il est président suprême, et en même temps, il demande sa déposition du siége épiscopal de Rome, à cause de son endurcissement et de son obstination à retenir le pouvoir temporel. Avis à MM. les membres de cette Société dont il y a grand nombre à Paris et auxquels cette Encyclique est exclusivement adressée.
  6. C’est peut-être cet ouvrage qui lui a valu le titre de prince qu’il porte depuis lors ; mais je ne puis rien assurer.
  7. Le Romanisme, par le prince J.-J. Pitzipios, pages 314-319.