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d’Orient est restée toujours sur le qui-vive, toujours à l’ordre du jour.

On doit dire cependant qu’il était plus probable que, malgré ses dispositions dans le sens des confidences faites à lord Seymour, le gouvernement russe eût accédé à des propositions de cette nature si elles lui avaient été faites. Cette brusque volte-face dans la tactique diplomatique l’aurait déconcerté, confondu, bouleversé. Il ne se serait jamais hasardé à faire la guerre aux puissances occidentales comme allié des Turcs et pour maintenir les chrétiens sous leur joug. Outre que cela aurait soulevé en Russie l’opinion publique, — qui, pour ne pas pouvoir alors se manifester par voie régulière, n’en eût pas moins été sérieuse si elle venait à se manifester par un éclat, — outre cela, il aurait eu contre lui les deux puissances germaniques et toute l’Europe en même temps, dès qu’un tel jeu aurait été démasqué.

Que le gouvernement russe eût fait de nécessité vertu, ou même qu’il y eût consenti poussé par un mouvement bon et honorable, toujours est-il que cette conduite des puissances occidentales, commentée au besoin par les révélations de lord Seymour, leur eût acquis pour toujours une influence légitime et indestructible sur toutes les populations de l’Orient. La Russie n’aurait perdu rien d’essentiel non plus par la réintégration des chrétiens dans leur autonomie ; au contraire, elle y aurait gagné. Elle se serait débarrassée de l’attention excessive qu’elle est actuellement obligée de prêter du côté de l’Occident, pour porter toute son activité du côté de la Grande Asie, où de si magnifiques destinées l’attendent, la sollicitent, la