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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

inexorable s’éloigne ; mais le vent occasionné par sa fuite s’était refoulé sur le visage de Grimani ; et, à ce terrible contact, Grimani paraissait avoir cessé de vivre Il n’en était rien cependant ; il revint à lui lorsque j’eus mêlé aux spiritueux et réconfortants terrestres ces cordiaux supérieurs connus des seuls adeptes et dont les effets sont si puissants qu’il rattachent au corps l’âme qui, en apparence, en est déjà séparée : ce furent ceux-là principalement qui retirèrent le noble Génois de sa léthargie mortelle.

Sa reconnaissance n’eut pas de bornes ; il fallut néanmoins que, la première nuit après cet événement, je couchasse dans sa chambre : l’absence de la fatale apparition lui prouva l’énergie des moyens que j’avais employés pour parvenir à sa délivrance.

Cependant Grimani tomba dans une mélancolie morne ; je le quittai lorsqu’il s’était