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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

dîmes dans le cimetière où cette histoire affreuse devait prendre son dénouement. Quand nous y entrâmes, Grimani, me saisissant le bras, me fit remarquer auprès de nous une forme vague et gigantesque qui semblait nous épier.

« C’est, » lui dis-je, « notre juge.

— Je voudrais le voir de près.

— Gardez-vous-en bien, » repartis-je, « car ce souhait exaucé vous conduirait à la mort. » Je fis asseoir Grimani sur la même tombe où il s’était assis autrefois ; je l’environnai, pour plus de précaution, d’un triangle protecteur, et nous attendîmes que le temps cheminât.

Minuit enfin sonna ; je jetai un regard sur Germani ; il ne respirait plus, à peine conservait-il le sentiment de l’existence. Soudain, nous vîmes venir à nous la funeste bergère, dont la tombe était proche de celle