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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

portun qui venait la visiter chaque soir ; demain nous achèverons notre ouvrage et vous pourrez respirer librement.

Le pauvre marquis, sans jamais se lasser, m’accabla de remercîments et de marques de sa reconnaissance ; il rentra dans son appartement qui lui était si détestable, et malgré sa confiance en moi, son œil curieux et souffrant alla du lit à la cheminée, de l’ottomane au prie-dieu ; il ne vit rien de sinistre ; il dut croire à ma puissance, et impatiemment il attendit le jour prochain, qui achèverait de le rendre à la vie et au bonheur.

Je fus le premier qui, le matin, entrai dans sa chambre, et lui m’avoua avoir dormi, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Il ne voulut pas me quitter pendant le reste de la journée ; nous dînâmes à la même table ; et, à onze heures précises, nous sortîmes de la ville, tous deux déguisés, et nous nous ren-