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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

garder à droite ni à gauche, je saluai les intelligences célestes, et, me prosternant devant un prie-dieu que j’avais fait apporter, j’attendis, non sans inquiétudes, l’effet des sortilèges que j’avais entrepris. Les miens, du moins, avaient un but légitime, et ne tendaient pas à faire des malheureux. Au coup de minuit, la porte s’ouvrit comme à l’ordinaire, et j’entendis venir à moi la femme mystérieuse dont l’alliance était si désespérante au malheureux Grimani. Dès qu’elle m’eut aperçu, au lieu de s’avancer, suivant son usage, elle s’arrêta, me regarda avec effroi, et je vis que ses yeux atones demandaient des yeux celui qu’elle ne devait plus revoir que dégagé de ses liens.

« Que cherches-tu ici ? » lui demandai-je.

« Monseigneur, mon époux, » répondit-elle.

« Es-tu réellement sa femme ?