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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

Je voyageais et la destinée nie conduisit à Gênes. J’avais des lettres pour le comte de Grimani, et déjà lui-même je l’avais vu à Rome et à Venise : c’était alors un jeune et brillant seigneur, beau par excellence et aimable à proportion. Maintenant quelle différence ! Déjà, dès que j’eus mis le pied dans son palais, je ne vis autour de moi que des figures soucieuses et tristes, mélancoliques comme celle de leur maître ; lui-même pâle, hâve, vêtu de noir, sans aucune de ces vivacités d’autrefois, sans enthousiasme dans le caractère ; il terminait ses jours en proie à une mélancolie dont aucune consolation ne pouvait le tirer. Il vint à moi, les yeux hagards, la bouche brûlante ; je trouvai, à ses mains qu’il me tendait, cette sécheresse du tombeau, signe certain qu’on y descendra sous peu ; je m’étonnai de cette maladie fatale et cruelle ; je lui en demandai la cause, il se tut