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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

mais il est horrible, odieux surtout : il effraie, il écrase. »

Il ne voit plus comment il pourra s’en garantir ; l’heure s’écoule, et, comme l’avant-veille et comme la nuit dernière, un baiser froid annonça l’instant de sa délivrance. Le fantôme qui l’obsède s’éloigne, et il peut enfin respirer.

Dès que l’aube a blanchi le ciel, Grimani se lève et va consulter les médecins ; tous lui prescrivent un régime qui lui procure la croyance qu’ils ont de sa folie, et un reste d’amour-propre l’empêche d’avoir recours aux ministres de la religion.

Oh ! pour le soir prochain, il ne le passera pas dans la solitude. Les plus jolies courtisanes de Gênes, ses amis les plus chers prendront part à une orgie qui rappellera les bacchanales de l’antiquité : en effet, dès que la nuit arrive, une multitude de flambeaux