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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

Grimani, hors de lui-même, terrifié, regardait avec épouvante cette apparition extraordinaire ; mais sa bouche glacée ne pouvant pousser aucun son :

« Viens, » lui dit l’étrangère, « ce lieu ne convient pas à ton épouse ; cette allégresse me fait mal ; viens, mon bien-aimé ; nous trouverons, hors des portes de la ville, un lieu plus propre à nous recevoir ; viens, je t’en conjure. »

Et, en même temps, de sa main blanche et glacée, elle saisit la main brûlante de Grimani qui, se levant éperdu, suivit sans résistance l’être surnaturel qui agissait ainsi sur sa volonté : tous deux sortirent du palais, traversèrent rapidement la ville, dépassèrent le rempart et atteignirent un cimetière voisin. Là, s’asseyant sur une pierre tumulaire, la jeune épouse appela son époux, et jusqu’au coup d’une heure du matin ils s’abandon-