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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

tions des parfums d’Asie, l’odeur balsamique des fleurs de la contrée, tout se réunissait pour bercer mollement l’ame et lui inspirer des pensées de joie et de bonheur.

Sur ces entrefaites, minuit sonna ; un bruit extraordinaire, aigu, retentissant, frappa l’oreille des convives ; les instruments s’arrêtèrent d’un commun accord et simultanément ; au milieu de la salle, à deux pas de Grimani, une femme apparut : rieuse, belle, c’était l’étrangère, pâle comme la veille, comme la veille, couronnée de roses blanches. « Mon bien-aimé, » dit-elle, « je suis exacte au rendez-vous ; me voici. » Ces mots furent prononcés d’une voix si douce et néanmoins si distincte, que Grimani n’en perdit aucun ; mais il fut seul à les entendre. Le concert avait continué, et les convives, qui ne voyaient rien, avaient recommencé à se livrer aux délices du vin et de la bonne chére.