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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

« n’est-ce pas assez vous jouer de nous, et ne pourrions-nous regagner en paix ma maison abandonnée ?

— Bon, » répliqua l’Àrragonais en riant de son sourire diabolique, « je me figurais que tu serais charmé d’ouvrir le bal avec l’aimable compagne que je t’avais procurée !… »

Jacquelin, à ces mots, sentit un frisson glacé qui fit vibrer tous ses nerfs, des pieds à la tête, et, portant autour de soi un regard de douleur et de consternation, il craignit de voir venir à lui ce cadavre infect dont on le menaçait : sa terreur n’était pas vaine ; car, du milieu d’un groupe de trépassés, s’avancait vers lui cette vision détestable ; déjà elle approchait de manière à ce qu’il en sentît l’odeur repoussante et cadavéreuse, lorsque le prêtre, lassé de sa propre patience à supporter ce spectacle infernal, étendit la main aux doigts consacrés qui porte tous les jours