Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome II, 1838.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

çaient onze heures. Cinq coups furent frappés à la porte de la maison de Jacquelin ; quoiqu’il les eût entendus, il ne répondit point. Quatre coups moins forts les suivirent peu après, et, le même silence ayant continué, on heurta trois fois, puis deux, et une enfin, mais celle-ci tellement prolonlongée que Jacquelin en demeura ému.

« Ouvrez, » dit le prêtre ; « c’est une manière bien singulière de frapper.

— Les voleurs sont en si grand nombre dans la contrée, » répondit Jacquelin, « et il est si tard, qu’il faut bien voir qui nous arrive si inopinément ; » et en disant ces mots il fit jouer le contrevent de la fenêtre. Les rayons de la lune lui firent apercevoir un homme qu’il crut reconnaître pour l’Arragonais de tantôt ; il portait dans ses bras une femme qui paraissait évanouie.