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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

au ciel et se mit à pleurer ; elle tomba dans une tristesse profonde, et elle, qui était la gaîté en personne, gémissait et se désolait alternativement. Plusiéurs heures s’écoulèrent. Le trot d’un fort cheval se fit entendre, il s’arrêta devant la maison ; puis on ouït Sylvestre sauter à terre et monter l’escalier. L’orpheline aussitôt parut et, avant de le laisser parler, sauta impétueusement à son cou, l’embrassa et le combla de caresses ; Sylvestre les reçut en homme chagrin ; sa belle physionomie portait l’empreinte d’un trouble qu’il cherchait à dissimuler. Mais enfin, faisant un effort sur lui-même, il instruisit son aïeule que le seigneur, en le faisant venir chez lui, avait cédé à l’état désespéré de sa fille résolue à se donner la mort si Sylveslre ne devenait pas son époux. « Et qu’as-tu résolu ? » demanda la jeune fille avec anxiété, et tandis qu’à demi agenouillée, elle