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À cette réponse, Les trois voyageurs mettent pied à terre ; on conduit leurs chevaux à l’écurie, et eux au salon. Mais qu’ils ont peu l’habitude de la bonne compagnie ! leur tournure, leurs expressions annoncent des chenapans de pur sang ; cependant on se ressouvient des formes de Rossignol, de Ronsin, de Santerre, d’Henriot, et on les excuse. La mère du maître du château, vénérable et pieuse matrone, très avancée en âge, éprouve, à leur aspect, une telle aversion, qu’elle va se réfugier dans son oratoire, et là elle prie Dieu avec ferveur, le conjurant de ne pas abandonner une maison où il était si bien adoré et où l’on chérissait tant le roi.

La prière, dit-on, soulage certains esprits ; cette dame rentra au salon plus calme et avec moins de dégoût ; elle contempla leur mise commune, leurs physionomies patibulaires, et quand elle entendit leur conver-