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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

çons cons en la voyant exprimer ses idées, ce qu’elle n’avait pas fait encore, et donner la preuve palpable qu’elle n’était ni muette ni déraisonnable. Les commères partageaient sa surprise : il y en avait qui prétendaient qu’un sortilège seul avait agi là dedans. On insinua qu’un exorcisme serait nécessaire, et le curé de la paroisse fut demandé. À la vue du saint homme, l’orpheline s’inclina modestement et lui demanda sa bénédiction : il en fut charmé, et, loin de maudire, comme on l’espérait, la céleste créature, il déclara qu’elle était sans doute un ange descendu sur la terre pour le bonheur des humains. Sylvestre regardait tout ce qui se passait avec un étonnement mêlé d’inquiétude. La beauté surnaturelle de la jeune fille, le souvenir du bonheur qu’il avait goûté naguère occupaient ses sens et attachaient son cœur. Dans ce moment, quatre gendarmes,