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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

amenait un nouveau baiser, et dans le cœur du couple aimable s’élevait un orage non moins véhément. L’obscurité était profonde, et lorsque les vents eurent emporté le reste de la tempête aérienne, on vit sortir de la grotte un couple enivré d’amour et de bonheur ; mais ce n’était plus une folle enfant sans raison et sans retenue, que Sylvestre conduisait avec lui, c’était une jeune femme timide et embarrassée, rougissant et néanmoins heureuse. L’orpheline, par un miracle sans doute, avait tout ensemble recouvert l’usage de la parole et de la raison. Elle parlait d’une vois harmonieuse dont chaque touche résonnait délicieusement au fond de l’ame de Sylvestre ; ses yeux, distraits naguère, s’énonçaient peut-être avec encore plus d’éloquence. Le prodige était complet.

Ce fut bien alors que Marthe, qui se méfiait toujours de l’orpheline, augmenta de soup-