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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

calme qui régnait dans l’intérieur de l’appartement le convainquit que son imagination échauffée lui avait seule adressé ces accents redoutables. Il se roidit contre elle, il traversa la chambre fatale, sans avoir songé à prier pour celui qui y avait péri.

Pour cette fois, le damoisel ne se soucia pas de ramasser la dague ensanglantée, quoiqu’elle fût toujours à la même place. Il évita même de passer auprès d’elle, et parvint jusqu’à la porte secrète. Il était bien assuré d’en avoir tiré les verrous extérieurs, et cependant il éprouva une résistance à l’ouvrir à laquelle il ne devait pas s’attendre : il eût pu croire qu’une main puissante les retenait par derrière. Une fois, il en eut presque la conviction ; car, l’ayant tirée violemment à lui, elle céda ; mais tout à coup elle se rejeta sur elle-même et se referma avec bruit. Raoul perdit sa force, et dans son délire il murmura