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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

Dés que Raoul eut pris pareillement congé de la compagnie, il rentra chez lui, et se déshabillant en toute hâte, il eut l’air de vouloir se reposer ; mais, dès que ses gens l’eurent quitté, il reprit ses vêtements et attendit en silence que la cloche du beffroi eût sonné onze heures et demie : c’était le moment où il devait commencer son entreprise. Il sortit de sa chambre, tenant son épée d’une main et une lampe de l’autre. L’orage durait toujours, les fréquents éclats de la foudre étaient répétés par tous les échos voisins, et leur fureur parut au damoisel une circonstance heureuse qui devait empêcher les habitants du château d’entendre les cris de Marcilie, si l’on ne pouvait parvenir à étouffer les accents de sa juste terreur.

Raoul, malgré son assurance, ne put se trouver seul dans les vastes galeries du château sans éprouver un frisson involontaire,