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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

éprise de Sylvestre. Celui-ci, qui longtemps avait ignoré de cet amour si glorieux pour lui, commençait à en reconnaître l’évidence, son orgueil jouissait ; mais il craignait le bruit, et il se tenait à l’écart. Un jour, dans le mois de juillet, et vers le midi, Marthe commanda a Sylvestre d’aller inspecter le travail des moissonneurs occupés à lier des gerbes qui venaient d’être coupées : il partit, et déjà il était à quelque distance de la maison, lorsque l’orpheline s’élançant, plus prompte qu’un éclair, le rejoignit, l’enlaça dans ses bras d’ivoire, et posant un baiser sur ses yeux, fit signe qu’elle voulait aller avec lui ; il l’aimait trop pour la chagriner, et, passant son bras autour de sa taille élégante, il se mit à marcher.

L’air était saturé de vapeurs étouffantes, qui se condensaient au point de cacher, en partie, le disque du soleil. L’azur de la cé-