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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

la compagnie d’Arthur ou d’Olivier, et alors la jalousie déchirait Raoul ; elle lui donnait des conseils perfides : il s’élancait sur le couple heureux, le sang coulait, et le fratricide n’en avait pas toute l’horreur qu’un crime aussi détestable lui devait inspirer.

Cependant, plus Marcilie avançait en âge, et elle entrait dans sa seizième année, plus elle se sentait portée vers Olivier. Les soins délicats de cet aimable jeune homme, sa beauté, son excellent caractère le rendaient digne de l’amour qu’il inspirait à l’orpheline. Marcilie, à laquelle il dérobait celui qu’il éprouvait, était consumée par cette peine secrète, cette vague douleur inséparable d’un véritable sentiment ; elle aimait, appréciait la distance qui la séparait du baron de Tarabel ; aussi, loin de lui laisser connaître ce qui se passait en elle, ce n’était qu’à la solitude qu’elle faisait ses confidences,