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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

comme lui, il ne cachait pas sa passion.

Raoul, de son côté, s’irritait de ce qu’il appelait l’audace de son frère, comme si Arthur eût dû deviner le secret de son cœur. La jalousie le tourmentait avec une fureur sans pareille, et il ne rêvait qu’à chercher les moyens de rendre sensible Marcilie, ou la posséder, si elle ne voulait point partager ses feux. Plus ce jeune homme avançait dans sa carrière, plus son impétuosité augmentait ; on eût dit que l’enfer avait résolu d’en faire sa proie, et de se servir de lui pour anéantir toute la postérité du coupable Renaud : aucune vertu ne brillait dans son caractère ; haine, envie étaient les deux sentiments auxquels il se livrait le plus volontiers. Depuis la sinistre apparition de son père, Raoul était loin de craindre les ténèbres et la solitude : tout au contraire, il se plaisait à errer dans les lieux les plus recu-