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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

votre père revient parfois pour nous demander des prières, ou pour nous annoncer son éternelle perdition ? »

Ce propos intimida Raoul ; mais, voyant sur les lèvres de Marcilie un demi-sourire, où il voulut reconnaître un peu de moquerie, il s’en piqua, et poursuivit la conversation sur le point où il l’avait commencée : « Je sais comme vous, vénérable, que mon père est mort d’un forfait odieux ; je sais pareillement qu’on assure que son ame inquiète vient parfois errer dans ces murailles où le crime fut commis, mais pourquoi, si la chose est véritable, ni mon frère, ni moi n’avons vu l’ombre de ce père infortuné ? D’où vient qu’elle ne se montre visible que pour des varlets et pour des étrangers ? Ne formez point le désir de la voir, » dit le religieux avec empressement, « et gardez-vous de tenter les desseins de la Providence. »