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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

cesse le théâtre de la gaîté et des plaisirs ; néanmoins chacun y était grave et retenu, car des causes étrangères et surprenantes jetaient dans tous les esprits une constante impression de terreur. Depuis l’époque reculée du meurtre de l’abbé Renaud, nul n’avait voulu habiter sa chambre, où les apparitions les plus extraordinaires se manifestaient chaque nuit. Suivant le désir universel des commensaux de Tarabel, plusieurs fois, durant le régne des ténèbres, on avait entendu des cris s’élever de cet appartement redouté ; des lueurs sinistres l’éclairaient momentanément ; et à chaque anniversaire du meurtre, un éclat de rire effrayant retentissait dans les vastes galeries de cette partie du château.

Le concierge s’étant une nuit retardé dans la chambre de l’intendant, auquel il allait rendre ses comptes, vit venir à lui une