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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

neige qui commence à tomber ; sa taille souple et svelte ne manquait ni de grâce, ni de légèreté ; le pied, la main charmaient par la délicatesse de leurs proportions. Cette enfant était belle à ravir ; mais, malgré son âge apparent, elle ne parlait pas. Ses lèvres ne laissaient échapper que des sons inarticulés. Elle allait, venait au hasard, manquant complètement d’intelligence, ou plutôt n’en ayant-que ce qu’il fallait pour éviter de se laisser choir dans le brasier ou de se heurter contre la muraille.

Marthe murmura longtemps de cette croix dont Dieu, disait-elle, les affligeait ; elle aurait, au lieu de se faire soigner elle-même, l’pbligation de veiller continuellement à l’existence d’un être privé de raison. Néanmoins, soit par pitié, soit par tendresse pour son petit-fils, elle accepta le fardeau.

Depuis cette époque, la fortune de Marthe