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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

paraître. Elle ne douta pas de sa sincérité ; car sur ce point toute belle est crédule, et difficilement leur amour-propre consent-il à entendre qu’il est possible qu’on veuille les tromper. « Ou’il est beau ! le noble sire, » se disait-elle ; « ah ! qu’il serait doux de devenir son épouse, et de se voir par lui dame de haut parage !… Comme une autre, je saurais tenir mon rang. »

Dans son idée, Alice passait en revue les demoiselles qu’elle mortifierait par son élévation inattendue, et les bourgeoises jeunes et jolies qui pourraient mourir de dépit. Plus elle rêvait à Renaud, plus elle sentait augmenter en elle sa dévotion à la Vierge-du-Rocher. Ainsi eût-il fallu que les éléments y eussent mis obstacle pour qu’elle ne se fût pas rendue au lieu où, le lendemain, elle avait la presque certitude de rencontrer le chevalier.