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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

« Je la sauverai, » dit-il, « Dieu me récompensera d’une bonne action. » Et alors la soulevant dans ses bras, il la posa délicatement sur son épaule, sans qu’elle fit aucun signe de surprise ou de terreur, et il se mit à courir. Il eut bientôt franchi la distance, et parvenu à la porte du manoir : toc, toc, fit-il en frappant, « mère-grande, voici Sylvestre, accourez vite, il vous apporte une princesse enchantée qu’il a trouvée dans les champs. »

Le jeune berger avait reçu une certaine éducation chez le curé du village qui lui voulait du bien.

La vieille Marthe accourut, d’un pas lent toutefois, et tenant à la main une lampe allumée.

« Bonté divine, » s’écria-t-elle, « où ce garnement a-t-il fait connaissance de cette drôlesse ? Hors d’ici la misérable qui mangerait notre pain et se moquerait de nous.