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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

mugissant et grondant comme un tonnerre lointain ; le froid était piquant, et le jeune Sylvestre, qui se sentait déjà tout engourdi, cheminait rapidement afin de regagner la chaumière où sa vieille grand’mère l’attendait. À la sortie du bois qu’il parcourait dans ce moment, il franchit un vaste espace tout semé de bruyères et de buissons épineux. Le regard inattentif de l’adolescent (Sylvestre entrait dans sa quinzième année) s’arrêta, à quelque distance, sur une masse blanchâtre dont il ne put déterminer la forme : la curiosité remportant sur la peur, il avança et aperçut alors une petite fille de cinq à six ans, mal vêtue, qui dormait, ou que la rigueur de la saison avait glacée ; le pâtre compatissant essaya de la retirer de ce sommeil léthargique, et, ne pouvant y parvenir, s’assit un moment à ses côtés, et la tournant la retournant : elle n’était pas morte.