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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

était digne de la haute fortune a laquelle elle était parvenue.

Cependant la soirée s’avancait, la mère de la jeune épouse l’appela pour la conduire dans la chambre nuptiale ; deux femmes l’attendaient pour la déshabiller, mais elle ne voulut pas que personne prît cette peine. Tremblante d’amour et de pudeur, elle engagea sa mère à la quitter un instant, là suppliant de retarder quelque peu la venue de son bien-aimé.

Demeurée seule, elle peigna ses beaux cheveux, puis s’agenouillant sur le plancher, elle implora pour elle et pour le baron Jules la protection du ciel.

Le jeune signor, pendant un peu de temps, respecta la solitude de Rosamaure ; mais, comme elle se prolongeait, sa patience fut à son terme ; il n’hésita plus à entrer dans la chambre où l’appelaient l’amour et les dé-