Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome II, 1838.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

Non, il ne fallait au méchant signor qu’outrager l’innocence en lui ravissant son plus précieux trésor.

« Je veux qu’elle soit à moi, » dit-il à Bramante, en proférant un blasphème épouvantable et plus tôt elle m’appartiendra, plus tôt je serai satisfait ; mais comment parvenir à l’arracher à sa mère, qui veille avec tant de soin sur ce précieux dépôt ?

— La chose me semble facile, » répondit le mécréant conseiller, « où la ruse est inutile, c’est en employant la force qu’il faut agir. Enlève Rosamaure, conduis-la dans ton château, et là tu pourras en abuser tout à ton aise ?

Àstolphe ne demandait pas mieux que de suivre ce détestable avis ; mais il redoutait la vengeance du peuple de Lérici, accoutumé à regarder cette charmante fille comme le plus bel ornement de la cité ; il craignait