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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

qui devaient leur revenir ; et, durant toute sa vie, il les entretint dans cette idée ; mais ce qui eût dû établir la concorde entre les frères fut le moyen dont l’enfer se servit pour les rendre ennemis. Astolphe, l’aîné, ne pouvait songer qu’avec impatience à tout ce que lui enlèverait la résolution de son père.

« Je suis l’aîné, » disait-il, « et à ce titre, je devrais être son seul héritier, un modeste apanage est tout ce qui conviendrait à Jules, mon frère, et cependant cet audacieux sera aussi puissant que moi. »

Les pensées odieuses fermentaient sans relâche dans son ame, et de vils flatteurs venaient encore l’exaspérer davantage. On le trouvait accessible à de bas sentiments, et les démons, sans cesse à l’affût pour enlever au ciel les ames de ceux qui vivent dans cette vallée de deuil, ne négligèrent pas une