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souvenirs d’un fantôme

onze heures. Minuit approchait, et Contarino ne venait pas. La jeune Grimaldi était inquiète, lorsqu’elle entendit le signal convenu. Oh ! comme alors son cœur battit avec vivacité ! Elle jeta, du haut du balcon, l’échelle de soie qui allait servir à son amant pour monter jusqu’à elle. Elle était là, immobile, impatiente, embrasée. Bientôt ; elle reconnut le chapeau de Contarino, qu’ombrageaient des plumes élégantes ; le manteau dont il se servait pour n’être pas reconnu, et qu’il déposait à ses pieds avec tant de joie : c’est lui ; il a franchi l’espace, il vient à elle ; ses bras s’ouvrent pour le recevoir, sa bouche cherche celle de son amant… Oh ! quels cris !… quels cris étouffés lui échappent… Elle respire l’haleine du sépulcre ; un fantôme hideux se montre à elle, et de sa main gauche, toujours gantée, les doigts aigus s’enfoncent dans la poitrine de la jeune