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souvenirs d’un fantôme

encore. Je sentis des griffes ardentes déchirer cette ame qui me quittait, et le corps dont chaque lambeau existait séparément pour éprouver mille milliers de douleurs atroces. Cela dura longtemps ; puis une voix cria : « Qu’il attende le feu ! »

Alors je me trouvai en esprit errant sur mes os, et saisi d’une haine invincible pour la clarté du soleil, j’allai me cacher au plus obscur de la caverne, qui déjà m’avait servi d’asile ; j’y souffris jusqu’à minuit, que je me rapprochai de ma carcasse brisée. Un instinct me porta à la réunir, je la dressai sur ses pieds, et à peine la besogne fut faite, que je me trouvai au centre d’un cercle formé par ceux de mes camarades ; nous gambadâmes pendant une heure en dansant le branle des morts.

Le voleur s’arrêta, et pour cette fois il avait complété son récit.