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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

tenant de la main gauche un poignard (car la droite manquait) ; ses compagnons le suivaient, armés aussi, éclairés d’une seule lanterne. Leur démarche était significative. À un signal donné par leur chef, les soldats de la maréchaussée firent feu, et les quatre brigands tombèrent roides morts sur la place. Au bruit de la décharge, les habitants d’Alzone, prévenus à l’avance, s’emparèrent chacun du coquin qu’il logeait, si bien qu’aucun de la bande n’échappa. On eut l’idée de retirer la main du bocal et de l’approcher du cadavre du prétendu comte. Ô prodige !… la main s’élance du plat sur lequel on l’avait placée, et d’un bond va s’appliquer au moignon, où elle se rattacha si fortement qu’on ne put l’en séparer qu’à grande peine : on la réunit, on l’ajouta dans le tombeau, où tous ces scélérats furent ensevelis.