Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome I, 1838.djvu/346

Cette page a été validée par deux contributeurs.
340
souvenirs d’un fantôme

me demanda, avec un intérêt charitable, qui m’avait accommodé ainsi.

« Hélas ! brave homme, » répondis-je, « des voleurs qui, la semaine dernière, m’ont trouvé dans ces bois ici proches.

— Dieu vous en a vengé, » repartit le vieillard ; « on les a surpris dans les ruines du prieuré, et tous tués jusqu’au dernier.

— Et bien on a fait ! » m’écriai-je ; « ils seront tous damnés…

— Ainsi soit-il ! » dit le vieillard.

Le méchant, il voulait la punition de notre ame après celle de notre corps. Il me demanda d’où j’étais et où j’allais. Je lui racontai que l’abbé de Grandselve, monseigneur, m’envoyait en message vers le monastère de Saint-Victor, de Marseille ; que maintenant je tâchais de me traîner vers Béziers ou vers Narbonne, afin de me faire traiter dans une maladrerie. Il répliqua qu’il