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souvenirs d’un fantôme

faire, je demeurai immobile, les cheveux hérissés, et attendant avec effroi ce qui allait advenir :

« Dieu t’a fait une grande grâce, » dit-elle ; « repens-toi. » :

Et je ne la revois plus. C’était une vision, un rêve peut-être, et pourtant mes yeux et mes oreilles rendaient témoignage contre mon incrédulité. Me repentir, je n’en avais aucune envie ; un bon voleur ne redevient pas moine ; il va, au contraire, toujours en avant.

Lorsque je fus remis de mon trouble, je tâchai de gagner la grande route ; mais, avant d’y arriver, la fatigue me contraignit à me coucher sur un pré, et bientôt un vieillard à barbe blanche passa auprès de moi : il me vit barbouillé de sang séché, de terre et d’ordures, aperçut mes blessures, et s’approchant,