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souvenirs d’un fantôme

Ma foi, j’en fis un repas délicieux, il me donna de la force, j’en profitai pour essayer de me sortir de cette position incommode ; enfin, en me roidissant contre des douleurs inouies, en m’aidant des coudes, des jambes et des dents, je parvins à me traîner, en deux ou trois heures de travail, vers un trou voisin qui me parut l’ouverture d’une grotte : c’en était une en effet.

Là je retombai dans un évanouissement qui me délassa : je reconnus, avec une joie indicible, lorsque j’eus repris mes sens, que la gourde qui renfermait mon vin particulier ne m’avait pas quitté ; je bus une longue lampée, elle me fit du bien ; mais il fallait manger… ; je… ; ma foi, à ma place aurait été sot qui se fût révolté à la nécessité de faire comme le loup. Mes camarades servirent à ma subsistance ; ce fut un dernier secours qu’ils me rendirent ; je leur en eus de la reconnaissance ;