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souvenirs d’un fantôme

plaies dont il fit jaillir le sang ; il avança un peu plus son museau, jusqu’à me toucher le bout du nez… Un cri horrible m’échappa, ou si étrange, si formidable, que le maître-loup fit un soubresaut en arrière et se mit à remonter rapidement le précipice : il s’était d’ailleurs complètement repu aux dépens de la chair de mes camarades.

À ce péril momentanément évité en succéda un autre : une volée de corbeaux s’abattit sur les cadavres ; plusieurs voulaient que je comptasse dans le nombre : ils voltigeaient au dessus de ma tête et cherchaient à crever mes yeux. Je les épouvantai encore par mes huées. Ils s’envolèrent une fois, revinrent une seconde, je les rechassai, et ils reparurent de nouveau ; un, plus hardi que les autres, se mit sur une de mes mains, je lui brisai les pattes, l’étouffai ensuite et, à grande peine, je parvins à le porter à ma bouche…