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souvenirs d’un fantôme

sans vie ; seul, j’avais survécu, si tant souffrir est vivre ; j’étais meurtri de toutes les parties de mon corps et couvert de blessures. Je n’avais aucun soin à espérer d’une créature humaine, et je devais finir par la faim si ce n’était de… N’importe, je vivais, et pour qui s’est cru mort vivre est tout.

Je tâchai de me soulever, cela me fut impossible, la force me manquait entièrement. Bientôt j’entendis auprès de moi un bruit léger ; une haleine infecte souffla sur mon visage, et aussitôt je vis contre ma bouche la gueule sanglante d’un loup… ; j’eus peur ; il n’y a de courage que contre le péril que le courage peut faire éviter. Le loup m’examinait avec des yeux étincelants ; ses dents blanches et aiguës craquaient les unes contre les autres, et il posa les deux pattes de devant sur ma poitrine… Oh ! que de douleur il me fit éprouver ! car il les plaça sur des