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souvenirs d’un fantôme

Ici, le narrateur s’arrêta un instant dans la plénitude de sa satisfaction. Les autres trépassés écoutaient avec une attention extrême. Cet homme mort avait ouvert un nouveau monde à leurs yeux, ils se demandaient néanmoins quel genre de volupté on trouvait à mal faire, et ceux qui avaient commis des forfaits, sans doute plus énormes, n’étaient pas les derniers à s’adresser réciproquement cette question.

Le narrateur poursuivit : Je demeurai plusieurs années en la plaisante compagnie de Joachim le mal-pendu, ainsi nommé de ce que, dans sa jeunesse, ayant été attaché par le bourreau à la potence, la corde qu’on n’avait pas prise neuve, par méprise du gars, se rompit, et Joachim, dès qu’il eut touché le sol partit avec une telle vitesse, que les flèches qu’on lança après lui ne le devancèrent pas. Il conserva depuis lors le tortillon