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souvenirs d’un fantôme

J’étais voleur, c’est une belle et charmante vie. Figurez-vous, qu’on fait tout à sa guise, qu’on ne dépend de personne, pas même du capitaine, hors le moment du coup de main ; mais, dès le pillage commencé ou le combat fini, chacun rentre dans son indépendance, mange, digère, boit, s’enivre, joue, gagne, perd, fait l’amour ou autre chose, tue à plaisir, sans tracas, sans souci, sans règle, sans aucune retenue. Ah ! l’excellente chose ! j’y reviendrais si je retournais sur la terre, bien qu’on ait en perspective la roue ou la potence là haut, et les flammes de l’enfer ici bas. Que d’amusements j’ai pris ! que de bourgeois j’ai assommés, mutilés, échauffés, rôtis même ! que de maisons, incendiées là tant seulement pour nous dégourdir pendant l’hiver ! Oh ! comme il est doux, pendant une nuit noire, de pénétrer, par force ou par ruse, dans une borde riche ou dans un noble châ-