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souvenirs d’un fantôme

Il est certain que, lorsque j’eus sauté à mon tour au bas de la muraille et que je me vis dans les champs, ma respiration fut moins gênée. Je trouvai à l’air une douceur, une pureté qui m’étaient inconnues jusqu’à cette heure, et je les savourai délicieusement ; cela provenait de ce que j’étais libre, et désormais la mort m’eût été préférable à la reprise de mes chaînes qui me devenaient en horreur. Je fus accueilli avec joie par notre chef, et sa troupe me montra de la considération, d’abord à cause de la grosse aubaine dont j’avais payé ma bienvenue, et ensuite parce que, malgré ma jeunesse, je fis preuve de vigueur et d’adresse ; je crois avoir dit que je possédais une force corporelle peu commune ; on apprécia dignement cette qualité.

Nous venions de faire un coup trop hardi pour n’avoir pas à redouter la vengeance des moines du couvent de Grandselve. Aussi