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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

souffre. Il est tout enveloppé de manteaux et de fourrures. On ne voit presque pas sa figure ; on n’aperçoit pas sa main droite. Il se dirige vers la maison de M. Revel, où arrive, en même temps que lui, le curé de la paroisse, prêtre et ami du bon bourgeois, auquel il aidera à faire les honneurs de sa demeure au magnifique étranger. Celui-ci entre dans la salle de réception, vaste pièce à l’immense cheminée, où brûle un feu énorme. Le Polonais est couché sur un sopha de canne. Mais, tandis qu’on l’y accommode, ô surprise !… ô terreur !… le curé, qui, dans ce moment, jette un regard distrait sur le bocal de verre où nageait la main coupée du brigand, voit celle-ci frémir, s’agiter, se redresser et appuyer ses cinq doigts avec une telle apparence de force contre les parois du bocal, que le curé craint un instant qu’elle ne l’ébranle et ne le fasse tomber sur le plancher.