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souvenirs d’un fantôme

une aube blanche fine et ornée de dentelle, quand venaient les dimanches et les bonnes fêtes de l’année ; j’étais un acolyte, un thuriféraire ; on me laissait entrevoir que, l’âge venu, on ferait de moi un novice et puis un moine. Je me fis voleur ; c’était quitter une carrière de repos et de bombance pour une d’agitation et souvent de famine. Tous les temps ne sont point bons pour les voleurs : ils ont souvent des semaines bien pénibles, de rudes combats à soutenir, et à la fin la corde ou la roue. Qu’y faire ? on va dans ce monde ainsi qu’on le peut, et comme, en résultat, il faut arriver où nous sommes, la façon d’y descendre est assez indifférente lorsqu’on y est descendu.

Moine, j’aurais vécu sans souci, sans chagrin, sans plaisir peut-être ; j’aurais, au bout de soixante ans, recommencé le même emploi de chaque jour, revu le même cloître, la