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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

vit de prétexte pour sortir rarement de sa chambre. Il faisait, disait-il, des remèdes qui l’amèneraient à retrouver l’usage de son autre œil, et nul ne s’attachait à le troubler dans sa retraite.

Il y avait, non loin du palais, une femme vivant misérablement des bienfaits de la charité publique, et du travail opiniâtre de sa petite-fille âgée de quinze ans et vrai miracle de beauté. Cette créature innocente était remarquable surtout par l’éclat de ses yeux noirs. Margaretta, innocente autant que belle, ne sortait jamais ; elle couchait dans une petite chambre au fond d’une cour et dont son aïeule gardait soigneusement la clef de la porte extérieure, tandis que celle communiquant à sa propre chambre demeurait toujours ouverte.

Alterno avait vu d’une fenêtre du palais la douce Margaretta, et admirait, avec le