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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

traits une colère violente, il recula de deux pas, et sans relever son fils :

« Vous êtes fou, » essaya-t-il de lui dire avec froideur ; mais le tremblement convulsif de ses lèvres et la pâleur de ses traits démentaient ses paroles.

« Je suis malheureux et non insensé ; plût à Dieu que j’eusse perdu la raison et que vous fussiez libre, mais l’êtes-vous ?

— Je le suis.

— Non.

— Un démenti, monsieur !

— Je dis vrai, vous avez accordé sur vous un funeste empire ; ah ! mon père, votre corps, votre âme ne vous appartiennent plus. »

Le marquis tressaillit de nouveau ; cependant, loin de persister dans ses dénégations, il garda un farouche silence.

« Ah ! poursuivit le comte, vous vous êtes