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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

cement du dernier siècle, un bon bourgeois y vivait fort à son aise, et, pour cela seul, on lui supposait, une immense fortune : il s’appelait M. Revel. Sa famille se composait uniquement d’une nièce, jeune et jolie personne que les hobereaux de la contrée recherchaient, et que l’on accusait d’être fière, parce qu’elle ne s’empressait pas de faire un choix. Pendant une nuit d’hiver, M. Revel, qui avait l’habitude de se coucher de bonne heure, fut réveillé, vers les onze heures du soir, par un saisissement de cœur et une inquiétude vague dont il ressentait l’effet sans pouvoir en deviner la cause. Poussé cependant par une impulsion inconnue, et qui le dominait, il battit le briquet, se leva, s’habilla sans trop savoir pourquoi, et, se moquant de la faiblesse qui le rendait ainsi l’esclave d’une agitation sans objet.

Dans ce moment, il entendit un des chiens