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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

temps en temps on jetait, dans ce mélange infernal, une peau d’un vieux serpent, le pied d’un lézard, la langue et le foie d’un crapaud, une dent de loup, des paquets de verveine, et mille autres ingrédients. Tout auprès, de petits lutins s’amusaient à déchirer des animaux vivants ; ils fouettaient de pauvres chiens qui hurlaient à faire pitié. D’un autre côté, se préparaient les aiguillettes, les sorts et les talismans ; là, une troupe enivrée dansait en rond autour du feu, dans lequel brûlait une statue en bois, tandis que, dans le même temps, mourait, consumée par les plus fortes douleurs, la personne dont le nom avait été donné à la statue. S’avançant avec gravité, d’énormes crapauds donnaient la main à de jeunes grenouilles ; des hérissons, entre eux, jouaient à la boule. Enfin, tout ce que l’imagination peut enfanter d’affreux ou de ridicule se