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SOUVENIRS D’UN FANTÔME

au lieu de se défier de ce qu’on venait de lui communiquer, ne pensait qu’au bonheur qui l’attendait, lorsque, époux heureux, il pouvait se livrer à ses idées ambitieuses. « Enfin, se disait-il, je commanderai à mon tour ; je verrai disparaître ces odieuses barrières dont le ciel entoura mon existence. Simple sujet, peut-être un jour pourrai-je m’asseoir sur le trône de mes maîtres : eh ! qui peut balancer de tels avantages ? Non, rien ne me coûtera ; et me faudrait-il tout sacrifier, je sacrifierai tout pour parvenir à mon but… Oui, c’en est fait, Edgard, je m’abandonne à toi ; tu me montres le chemin de la fortune, je m’y élance sur tes traces. » Ainsi parlait l’insensé Geoffroy : Dieu l’entendit, et Dieu irrité lui retira son assistance. Il fut abandonné aux anges des ténèbres, qui ne tardèrent pas à le punir de son ingratitude envers son Créateur.