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SOUVENIRS D’UN FANTÔME

heures s’écoulèrent avec rapidité ; et le soleil descendait vers les montagnes du Vivarais. Le pélerin, fatigué, s’assit sur une pierre et se mit à rêver profondément. Trois ans avaient suffi pour lui faire perdre la mémoire de sa contrée natale. Il s’en émerveillait, et néanmoins aucune pensée prudente ne s’élevait dans son cœur. Il continua de demeurer dans cette immobilité jusqu’à l’heure où la nuit descendue couvrit entièrement la terre et les cieux.

Alors il lui sembla voir, à quelque distance, une lumière vaporeuse qui paraissait et disparaissait alternativement ; il crut qu’elle parvenait de quelque maison voisine, et il alla vers elle, lorsque, elle venant à s’évanouir, il aperçut que l’obscurité semblait redoubler d’épaisseur. Dans ce moment, une voix féminine se fit entendre, et bientôt une femme s’approcha de lui ; c’était une jeune