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SOUVENIRS D’UN FANTÔME

— Non, mon père, non, vous ne vous immolerez pas pour votre maison… ; c’est à moi qu’est réservée cette tâche !…

— Vous, ma fille ! si jeune, si belle, si vertueuse ; vous qui devez goûter sans remords toutes les douceurs de la vie, ah ! jamais je n’y consentirai ; il est dans l’ordre qu’un père se sacrifie pour ses enfants.

— Et pourquoi les enfants ne lui envieraient-ils pas ce privilège ? pourquoi, dans une cruelle circonstance, ne lui rendraient-ils pas plus qu’ils n’ont reçu ? Ah ! permettez que je me dévoue pour notre malheureuse famille, que j’assure à ceux qui ne sont plus la paix des tombeaux, et aux autres la félicité sur cette terre. »

Cette lutte généreuse entre le père et la fille continua encore quelque temps.

Cependant la cloche de la chapelle retentit de sons prolongés ; plusieurs personnes en-